Skip to content

Qui aurait pensé cela ?

Portrait de NietzscheIl y a souvent matière à étonnement dans la presse québécoise ancienne. Qui aurait pensé qu’on retrouverait dans la page féminine du quotidien montréalais La Patrie des textes du philosophe allemand Friedrich Nietzsche (1844-1900) ? Le journal précise qu’il détache quelques passages sur les femmes «de son célèbre ouvrage Humain, trop humain, dont la traduction vient de paraître».

LA FEMME PARFAITE. — La femme parfaite est un type plus élevé de l’humanité que l’homme parfait; c’est aussi quelque chose de plus rare. — L’histoire naturelle des animaux offre un moyen de rendre cette proportion vraisemblable.

D’APRÈS LA MÈRE. — Chacun porte en soi une image de la femme tirée d’après sa mère; c’est par là qu’il est déterminé à respecter les femmes en général ou à les mépriser, ou à être au total indifférent à leur égard.

AMITIÉ DE FEMMES. — Des femmes peuvent très bien lier leur amitié avec un homme; mais, pour la maintenir, il y faut peut-être le concours d’une petite antipathie physique.

UN ÉLÉMENT DE L’AMOUR. — Dans toute espèce d’amour féminin, il transparaît quelque chose de l’amour maternel.

MOYEN DE PORTER TOUT HOMME À TOUT. — On peut, par les ennuis, les inquiétudes, l’accumulation de travail et de pensées, tellement fatiguer et affaiblir un homme quelconque, qu’il cesse de s’opposer à une chose qui a un air de complication, et qu’il lui cède. — c’est ce que savent les diplomates et les femmes.

LE MARIAGE CONSIDÉRÉ COMME UNE LONGUE CONVERSATION. — On doit, au moment d’entrer en ménage, se poser cette question : «Crois-tu bien pouvoir t’entretenir avec cette femme jusqu’à ta vieillesse ?» Tout le reste du mariage est transitoire, mais la plus grande partie de la vie commune est donnée à la conversation. […]

AMOUR. — L’idolâtrie que les femmes professent à l’égard de l’amour est, au fond et originairement, une invention de leur adresse, en ce sens que, par toutes ces idéalisations de l’amour, elles augmentent leur pouvoir et se montrent, aux yeux des hommes, toujours plus désirables. Mais l’accoutumance séculaire à cette estime exagérée de l’amour a fait qu’elles sont tombées dans leur propre filet et ont oublié cette origine. Elles-mêmes sont à présent plus dupes encore que les hommes, et, partant, souffrent plus aussi de la désillusion qui se produira presque nécessairement dans la vie de toute femme — à supposer qu’elle ait, d’ailleurs, assez d’imagination et d’esprit pour pouvoir subir illusion et désillusion.[…]

FREDERIC NIETZSCHE.

 

La Patrie, 20 octobre 1900.

Le portrait de Nietzsche apparaît sur la longue page Wikipédia qui lui est consacrée.

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS