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Les membres de la colonie chinoise de Montréal se dissocient des Boxers

tetes tranchees chine

Comment parler avec justesse en quelques mots de la révolte fort violente des Boxers en Chine en 1899-1900 ? À Pékin et à Tien-Tsing [aujourd’hui Tianjin], les Chinois étaient les serviteurs des Occidentaux occupant la place.

Or, les Chinois, pas fous, craignant le sort de l’Inde qui venait d’être colonisé par les Anglais, voyant les Occidentaux imposer leurs religions, en particulier le catholicisme et le protestantisme, mettre en place leurs inventions technologiques, comme le chemin de fer et le téléphone, se révoltent, du moins ceux qui vont s’appeler les Boxers. On tue beaucoup de missionnaires, défilant dans les rues avec leurs têtes au bout de piques, on fait sauter les trains, bref on exprime son mécontentement avec des gestes fort violents. À la vérité, on craint une perte complète d’identité, l’occidentalisation des mœurs; et on tient au confucianisme et au bouddhisme, ainsi qu’aux manières de vivre traditionnelles.

Dans La Patrie (Montréal) du 27 août 1900, un quidam écrit : «Il ne manquera pas de gens qui soutiendront qu’il vaudrait mieux, pour les habitants de la Chine, qu’ils ignorassent ce qui se passe dans les autres parties du monde, qu’ils s’en tinssent pour vivre de leurs propres ressources, au lieu d’avoir des bateaux à vapeur, des chemins de fer, des télégraphes, les machines et les sciences de l’Europe. Mais se rencontrera-t-il quelqu’un qui croit que ce soit possible.»

Quoi qu’il en soit, huit des nations occidentales — le Japon, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, les États-Unis, la France, l’Italie, le Royaume-Uni et la Russie — tenant au débouché économique que représente la Chine et à leur sphère d’influence, se liguent en juin 1900 pour marcher sur Pékin afin de libérer les légations, et bientôt sur Tien-Tsing. La Chine, elle, est divisée, déchirée.

La communauté chinoise de Montréal, informée de la situation, craint des représailles locales. Le quotidien La Patrie du 17 juillet 1900 rend compte d’une réunion à ce sujet.

Les Boxeurs ne comptent évidemment pas d’adeptes dans la Colonie chinoise de Montréal, si nous pouvons nous en rapporter aux délibérations de l’assemblée qui a été récemment tenue par les fils du Céleste Empire au No. 556 rue Lagauchetière.

Lee Chu fut nommé président et Joe Gong remplissait les fonctions de secrétaires. […]

Après délibérations les résolutions suivantes ont été adoptées :

«Que les Chinois résidant à Montréal ont appris avec regret l’insurrection existant en Chine actuellement, et surtout le meurtre des missionnaires et autres étrangers, et désirent exprimer leur condamnation des crimes commis.

«Que les Chinois venant en ce pays sont natifs de la province de Quong Tong [au sud-est du pays] dont Canton est la capitale, et qui est à plus de cinq cents milles de distance de l’endroit où les troubles ont lieu, qu’ils sont heureux de voir qu’une armée est à s’organiser à Canton pour résister et supprimer les Boxers.

«Que nos gens ont vécu au Canada depuis vingt années et ont été traités avec bonté par les citoyens de Montréal, jusqu’à dernièrement quand la Corporation de la ville de Montréal leur imposa, en sus de la taxe ordinaire d’affaire, une taxe spéciale de $50 oppressive que nous ne pouvons payer.

«Que malgré la loi injuste qui fit envoyer 240 blanchisseurs en prison, nous croyons qu’il est de notre devoir d’exprimer publiquement notre gratitude aux concitoyens en général et de déclarer notre horreur pour la conduite des rebelles en Chine, et d’exprimer aussi l’espérance que la loi injuste sera abrogée et que nos compatriotes pourront comme par le passé continuer à vivre comme de paisibles citoyens satisfaits d’apprendre les grandes leçons du christianisme.»

 

Les Chinois montréalais ont raison de craindre. La Patrie du 7 août 1900 rapporte la nouvelle suivante :

Les fils du Ciel établis à Montréal commencent à se demander s’ils sont bien en sûreté ici. Déjà plusieurs d’entre eux ont été l’objet de l’animosité de certains individus soulevés par le récit des actes odieux des Chinois dans le Céleste Empire. La police a dû intervenir en maintes circonstances pour faire cesser ces représailles inopportunes, et plus d’un disciple de Confucius doit à nos policiers de ne pas avoir reçu la bastonnade qui les attendait à l’encoignure de quelque rue.

Ces actes de violence semblent vouloir être continués car, ce matin encore vers dix heures, un certain nombre de jeunes garçons armés de pierres et de bâtons, ont voulu faire soutenir à l’établissement de Sun Kee, coin Ste-Elizabeth et Dorchester, le même siège que les Boxers font subir aux légations à Pékin.

La bande des enfants, se grossissant sans cesse, allait se livrer aux pires violences lorsqu’un certain nombre d’hommes de bonne volonté sont venus les disperser. Sun Kee en a été quitte pour une peur bleue et tous les carreaux de ses châssis brisés. Il a porté plainte à la police.

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