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Décès en Afrique du Sud d’un jeune soldat de Québec

lucien larue

À l’automne 1899, la Grande-Bretagne déclare la guerre aux Boers, chez eux, dans le Transvaal et l’État libre d’Orange, dans le sud de l’Afrique. Et elle presse ses colonies dans le monde d’y participer, et celles-ci ne peuvent guère résister à cause de leur statut politique. Aux yeux de l’histoire, ce n’est pas là une guerre bien honorable pour les Anglais. Mais, à Québec, le jeune Lucien Larue, commis à la Banque nationale, désireux de participer à ce conflit, est l’un des premiers soldats à s’enrôler.

Le 21 février 1900, la nouvelle parvient au Québec qu’à la bataille de Paardeberg, trois jours plus tôt, dix-neuf Canadiens perdent la vie et cinquante-quatre sont blessés, dont le jeune Larue, du 87e bataillon de Québec. On conduira ce dernier à l’hôpital de Norval’s Port, mais on n’en sait guère sur son état.

Voilà que le 7 juin, le jeune écrit à son père le Dr Léonidas Larue, médecin à Québec. La Patrie du 20 juillet 1900 reproduit sa lettre.

Wynburg Hospital, 7 juin 1900.

Mon Bien Cher Papa,

Me voilà rendu à Wynburg Hospital depuis hier matin, soit 12 milles au sud-est de Cape Town. Les médecins voyant que je ne pourrais me rétablir à Norval’s Port ont décidé de me transporter ici en attendant que je prenne le premier bateau-hôpital en partance pour Southampton; les médecins prétendent que la guérison rapide de ma blessure est la cause de ce rhumatisme qui me fait souffrir depuis bientôt deux mois, et qu’aussitôt sur la mer je ressentirai un bien sensible.

Tous mes confrères blessés comme moi à Paardeberg et revenus au régiment après leur guérison ont dû après une première marche retourner à l’hôpital, souffrant d’empoisonnement du sang ou d’inflammation de leurs blessures.

La guerre tire à sa fin, l’enthousiasme est à son comble, Lord Roberts a fait son entrée triomphale dans Johannesberg et Prétoria avec mon régiment, fort de 350 hommes, le second régiment Canadien et les gardes Kruger. Son état-major et ses troupes se sont retirés dans les montagnes au nord de Prétoria.

Je m’attends de laisser Capetown dans six jours en route pour Southampton, Netley’s Hospital. Dans le cas où je me rétablirais durant la traversée, je pourrai, rendu à l’hôpital de Netley, obtenir un congé de trois semaines, ce qui me permettrait de pousser une pointe à Paris et visiter l’exposition.

Je suis sans nouvelles de la famille depuis deux mois, le régiment ne sachant pas, j’en suis certain, où me trouver.

Pour la première fois depuis mon départ de Québec, hier soir, je couchais dans une maison. J’ai pu me reposer à mon goût, étant couché dans un bon lit.

Mon régiment devra s’embarquer pour l’Angleterre dans une quinzaine, la ville de Londres nous préparant une réception grandiose.

Ne t’inquiète pas de ma maladie, je ne crois pas que j’en souffrirai longtemps.

Le régiment me prendra en Angleterre à son passage et je crois que la première quinzaine d’août me verra à Québec, au milieu de toute la famille.

Bien, mon cher papa, saluts et amitiés à toute la famille, mille baisers pour mes frères et sœurs, la plus large part pour toi.

À bientôt.

Ton fils affectionné.

Lucien.

 

Dans La Patrie du 27 juin 1900, on lit cette dépêche :

Ottawa, 27. — Le ministre de la milice a lu à la chambre, hier après-midi, le cablegramme suivant envoyé par Sir Alfred Milner :

Capetown, 26 juin 1900. — Regrette d’annoncer que le soldat L. Larue, matricule 7818 du régiment canadien d’infanterie, est mort des fièvres intestinales à l’hôpital Wynberg, le 24 juin.

La lettre du soldat Larue ne parviendra à son père, à Québec, que la troisième semaine de juillet.

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