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Petit poème en prose de Louis-Joseph Doucet

papillon

Il faut savoir que ce poète et conteur (1874-1959) a vécu son enfance et sa jeunesse à Lanoraie, où il est né. Cette municipalité se trouve sur les bords du Saint-Laurent, à 70 kilomètres à l’est de Montréal, entre Lavaltrie et Berthier.

 

 

LE MATIN

C’est l’aube, c’est l’aurore, et, peu à peu, se dessine à l’orient la chevelure d’or du soleil. Sur le grand fleuve, de nouveaux rayons s’éveillent. Au loin palpitent deux voiles d’une blancheur chatoyante. Un cri de locomotive a percé un nuage de fumée qui plane sur les pins réveillés au cancan des corneilles. L’angelus aussi mêle sa prière aux prières matinales, et le vieux clocher met à la porte une famille d’hirondelles.

La croix qui penche sur le rond-point de l’église brille gaiment, et partout le jour sourit, tout grand de joie et d’espérance.

Tout est beau, tout enchante en des rayonnements et la vie marche et marche sur tout : les blés verts muriront, les foins sont fanés, et mirent leurs vailloches sans élégance, dans le ruisseau noir et pensif.

Deux drapeaux sont bientôt hissés. La cloche du clocher sonne encore; elle sonne le mariage d’André, d’André mon ami, mon ami d’enfance.

Bon voyage, cher André, sois heureux, la vie est courte !

Les papillons voltigent sur les fleurs; les fleurs vivent un matin de leur beauté.

 

Louis-Joseph Doucet, Contes du Vieux Temps (Montréal, J. G. Yon Éditeur, 1911).

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