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«Nuit d’été»

cacouna east nuit

La campagne est endormie, la nuit est sereine.

De tièdes effluves émanent du sol, des parfums champêtres embaument l’atmosphère, une brise imperceptible passe silencieusement dans les branches.

Au milieu d’innombrables étoiles, la lune monte lentement et ses rayons adoucis reposent avec mollesse sur le vert sombre des prés. Mille bruits confus : «Voix du silence» qu’on entend à peine, harmonies divines dignes de bercer des rêves d’ange, accents suaves et mystérieux qui viennent on sait d’où vibrent tout bas dans la nuit.

Veilleur attardé et solitaire, tout ému de ce majestueux spectacle, je regarde et j’écoute, recueilli comme dans un temple. À mes pieds, un petit ruisseau coule doucement et détourne son cours au moindre obstacle, comme s’il craignait de rompre en choquant son eau contre les pierres, le silence religieux qui plane sur les êtres et les choses.

Des lucioles en très grand nombre voltigeant capricieusement devant moi; quand elles ne passent pas trop près, on dirait des étoiles filantes. À mes côtés, des groupes d’arbustes paraissent s’être endormis en priant tant ils sont prosternés.

Et je reste là longtemps, absorbé dans la contemplation des sublimes beautés qui m’entourent et priant avec ferveur le Dieu bon Créateur de toutes ces merveilles de répandre dans mon âme toujours si troublée et qui est aussi son ouvrage, un peu de la paix bienfaisante et souveraine qui règne en cette nuit d’été.

Arthur St-Pierre.

 

La Patrie (Montréal), 11 mai 1907.

6 commentaires Publier un commentaire
  1. Silvana #

    Comme c’est beau. Merci.

    J’ai patiemment fait la liste de plusieurs auteurs du début du siècle dernier que j’ai connu sur votre site. J’ai eu la bonne idée de les consigner, femme moderne oblige, dans le calepin de note de mon téléphone.

    En envoyant ledit téléphone à la réparation, j’ai perdu toutes mes références. Après un bon moment de désolation, je me suis dit que je pourrais probablement retrouver ces auteurs dans votre rubrique littérature. Quand même, c’est dommage, mais je me rends compte que j’ai développé au fil de la lecture de votre blog, une véritable passion pour les écrivains de cette époque. Je viens d’ailleurs de découvrir Néré Beauchemin chez mon libraire d’occasion.

    merci pour ce bel écrit d’Arthur St-Pierre qu’il me reste à découvrir!

    15 juin 2015
  2. Jean Provencher #

    Bravo, chère Silvana, d’avoir fait la démarche de consigner ces auteurs. C’est une bonne source que de passer par la catégorie «littérature» sur ce site. Et j’aime que vous ayez découvert Beauchemin chez votre libraire d’occasion. Ceux-ci nous font découvrir des merveilles souvent. J’en ai un qui vient de me mettre dans les pattes une petite anthologie poétique d’Alphonse Allais, écrivain français, fou comme braque, et avant Prévert, ce cher Prévert.

    15 juin 2015
  3. silvana #

    Je n’arrive pas à lire votre commentaire suite à mon commentaire! En cliquant sur nuit d’été on tombe sur l’article comme tel, mais il n’y a pas les commentaires… :(

    15 juin 2015
  4. Jean Provencher #

    Étrange. Il est bien là pourtant. Vous travaillez avec quoi ? Firefox ? Safari ?

    15 juin 2015
  5. silvana #

    et bien là je l’ai . Désolée!

    15 juin 2015
  6. Jean Provencher #

    Rien de grave. L’informatique ne me surprend plus. Rappelez-vous : on nous promettait la perfection à l’époque, jamais on ne devait connaître de problèmes.

    15 juin 2015

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