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Retour sur 1816, l’année sans été

Cornelius Krieghoff deux, de Gerard TheriaultDepuis bien longtemps maintenant, je m’intéresse à l’histoire du climat. Et je ne peux laisser passer, sans le noter, tout renseignement sur l’année sans été, celui de 1816. Pour une description de ce phénomène, voir ce billet.

Et voilà, dans La Patrie du 4 juin 1903, une lettre d’un Sherbrookois, L. C. B., sur 1816.

M. M. D. Kilburn, de Coaticook, a communiqué au «Record» de notre ville un article fort intéressant à propos de la sécheresse qui menace nos cantons en ce moment. Il écrit que son père, qui habitait alors le canton Barnston, parlait souvent à sa famille de la sécheresse de 1816 qu’on avait appelée «l’année sans été».

L’article est emprunté au journal «Boston Commonwealth».

En voici la traduction :

 

C’était en l’an 1816, si éloigné que le «plus vieil habitant» ne peut pas se lever pour contredire l’histoire.

Le mois d’avril 1816 commença chaud, mais il devint plus froid en vieillissant et il finit dans la neige et la glace.

En mai, les bourgeons et les fleurs furent détruits par la gelée; il se forma de la glace d’un pouce d’épaisseur [2, 54 cm]; le blé d’Inde périt par le froid et les champs furent ensemencés à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’il fût trop tard.

Le mois de juin fut le plus froid dont il soit fait mention. La végétation fut à peu près toute détruite. Il en fut ainsi pour les fruits. Il tomba dix pouces de neige dans le Vermont, sept pouces dans le Maine et trois pouces à New-York et dans le Massachusetts.

Le mois de juillet fut accompagné de gelée et de glace. Le 5 juillet, il se forma une glace de l’épaisseur des vitres dans la Nouvelle-Angleterre, New-York, et certaines parties de la Pennsylvanie. Le blé d’Inde fut à peu près tout détruit. Quelques champs bien situés furent épargnés. Il en fut de même sur les terres élevées dans le Massachusetts.

Quant au mois d’août, il fut encore plus triste que les autres mois d’été.

Il se forma de la glace d’un demi pouce d’épaisseur. Le blé d’Inde était tellement gelé qu’il fallut l’abattre et le préparer pour les animaux.

En septembre, il y eut deux semaines de temps doux et puis l’hiver arriva à son tour.

 

Ci-haut, le buste du peintre Cornelius Krieghoff (1815-1872), rue Grande-Allée, à Québec, voisin d’une maison où il habita. Une œuvre du sculpteur Gérard Thériault.

4 commentaires Publier un commentaire
  1. Vauchez #

    1816 L’année sans été, c’est le titre que j’ai donné à un petit ouvrage publié aux Editions Persée en février 2015, dans lequel je reproduis la relation de cette année calamiteuse donnée par un contemporain.
    Louis Verguet, vigneron jurassien, utilise le livre de comptes familial pour dresser la chronique d’une saison catastrophique. Il le fait avec précision, minutie, dans un écrit remarquable que je n’ai pas eu à corriger, mais il va plus loin dans l’analyse de la situation en n’hésitant pas à dénoncer les agissements des marchands de grain, les qualifiant d’accapareurs donc responsables de la misère populaire en faisant monter les prix.
    J’ai également repris plus largement le contenu de ce manuscrit rédigé de 1697 à 1860 par les membres successifs d’une même famille: reçus d’amodiations, achats ou échanges de propriétés, et même chansons populaires.
    J’ai toutefois donné la clé de la catastrophe climatique avec la description de l’éruption du Tambora puis rappelé le souvenir de Lord Byron vivant alors à Genève dans la villa Diodati où il écrivit son Poème Darkness tandis que Mary Shelley commençait l’écriture de Frankenstein.
    Le témoignage de Louis Verguet mérite d’être connu pour sa pertinence. Il faut également souligner que rares sont les écrits venant d’un membre du peuple. Je suis honoré d’avoir pu le décrypter avec l’assentiment du descendant direct de Louis Verguet. A mentionner que ce témoignage a fait l’objet d’une communication à la société d’émulation du Jura en 2009 et que les archives départementales du Jura ont numérisé et enregistré les pages originales du manuscrit.
    Merci de prendre en considération cette communication.

    19 octobre 2015
  2. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, Monsieur Vauchez. Je constate sur internet que votre ouvrage n’est pas disponible en format papier, mais il le serait en format numérique. Ça me semble passionnant. Merci beaucoup de nous avoir mis sur la piste de cette recherche que vous avez menée.

    Bien cordialement.

    19 octobre 2015
  3. Vauchez Michel #

    Que Monsieur Provencher se rassure: mon livre paru aux Editions Persée existe sous les deux formats (papier et numérique) et le site canadien Archambaut le mentionne dans son catalogue comme Amazone, la FNAC, Leclerc, Cdiscount etc..
    Le témoignage du vigneron jurassien développé sur plus de trente pages rejoint celui mentionné par M. Provencher qui en donne la traduction.
    Occasion pour moi de remercier Mr Provencher pour l’intérêt qu’il porte à ce travail. Cordialement.

    21 octobre 2015
  4. Jean Provencher #

    Merci, cher monsieur Vauchez, de nous préciser que votre ouvrage est disponible en format papier. Je vais y courir.

    Belle soirée à vous.

    21 octobre 2015

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