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Ça brûle partout

Grands feux au QuebecLe Québec a connu de grands feux. Celui de 1870 qui brûla les forêts du lac Saint-Jean jusqu’en Abitibi est mémorable. Mais je ne crois pas pouvoir en trouver d’aussi généralisés que ceux du printemps de 1903. Chaque communauté à une histoire liée à ces feux. La Patrie du 4 juin en fait, bien sûr, sa une. Extraits.

À Shawinigan, hier après-midi, la population était affolée. Chacun croyait que la ville était condamnée à une destruction complète : les femmes et les enfants pleuraient, les hommes s’empressaient de mettre en sûreté leurs livres de comptes et leurs valeurs précieuses.

Toutes les forêts du nord du comté de Champlain et même la vallée du Saint-Maurice sont en feu. La région entière a été plongée hier dans une atmosphère étouffante. Aux Trois-Rivières, la cendre tombait dans les rues; naturellement les récits les plus fantastiques courent la rue et trouvent créance. […] Il y a eu alerte hier soir à cause de la fumée qui entourait la ville et du feu qui courait sur les coteaux. […]

À Saint-Timothée, comté de Champlain, tout un rang a déménagé hier après-midi, on a conduit les femmes dans un rang voisin avec les objets les plus précieux, puis les hommes sont revenus défendre leurs maisons en vidant les puits. Les clôtures sont en feu de même que les ponts, et ces scènes se reproduisent un peu partout. […]

À Sherbrooke, l’atmosphère des environs de notre ville est saturée de fumée provenant des feux dans les forêts du canton de Stoke. On disait hier que le feu va causer des dommages bien considérables dans ce canton. […]

Dans la région de Charlevoix, pays de montagnes, «les feux de forêts ont fait des ravages considérables, hier soir. De caps, vis-à-vis la paroisse Saint-François, étaient en feu sur de grandes étendues. Les flammes consumaient les arbres tout entiers à Saint-Urbain. Plus en arrière, les ravages sont considérables. Le moulin à scie de M. Pit Tremblay et sa résidence ont été incendiés. D’autres incendies sont aussi enregistrés. La sécheresse est comme dans la région de Montréal et les cultivateurs sont très désireux de la pluie. Cependant, la sécheresse fait moins de dommages aux semences qu’aux environs de Montréal, car elles sont à peine terminées.

Au sud du Saint-Laurent, le feu est dans la pointe de Sorel. Toute la nuit dernière, on a travaillé à l’éteindre, et il n’est pas encore contrôlé. Les paroissiens de Saint-Joseph, dont les propriétés seront une proie facile à l’élément, se dévouent à le combattre. Hier soir, le spectacle du firmament était terrifiant. Dans le nord, on voyait courir d’immenses lueurs rouges, tandis qu’une fumée opaque et étouffante passait dans l’air.

À Sainte-Émilie-de-l’Énergie, les feux de forêts, par cette grande sécheresse, sont activés par un fort vent et font d’énormes ravages dans les bois de la grande savane appartenant au séminaire de Saint-Sulpice.

À Saint-Raymond de Portneuf, le ciel avait un aspect sinistre hier après-midi ici. L’obscurité est devenue tellement grande vers 2 heures par suite de la fumée que l’on a été forcé de recourir à la lumière électrique comme en pleine nuit. […]

Saint-Jérôme est enveloppé dans toutes les directions. Il y a du feu dans le domaine, à la côte Honoré, à la côte John, à la côte Dalhousie et dans le domaine du côté de Saint-Canut. […]

À Sainte-Agathe, les bâtisses de la lumière électrique ont été consumées. Dans le rang du domaine, paroisse Saint-Canut, les habitants se sauvent avec leur ménage pour échapper à l’incendie. Le rang du domaine présente un aspect lamentable. Tout le monde est aux portes interrogeant l’horizon jaune de fumée, et les passants qui reviennent de constater les progrès de l’incendie. Bien que les feux soient encore assez distants, la cendre tombe partout sur les trottoirs.

Le feu fait des ravages dans les bois de la Rivière du Sud en arrière de Lévis, entre Saint-Charles et Pintendre.

* * *

En éditorial, La Patrie y va d’un appel au Seigneur :

Si la pluie ne vient pas bientôt éteindre les flammes qui s’allument dans toutes les parties de notre province, des désastres effroyables se préparent.

Dans toutes les églises, des prières s’élèvent vers Dieu l’implorant de mettre fin sans retard à la sécheresse profonde qui sème partout la désolation.

Les moissons sont déplorablement compromises.

La récolte du foin sera à peu près nulle; les jardinages sont en perdition, et tous les grains en souffrent.

C’est l’un des plus grands malheurs dont nous ayions encore été les victimes.

Seigneur, venez à notre secours car nous périssons !

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