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Le fantôme de Sandy Hook

fantomeNous revoilà dans le monde paranormal, le pays des «phénomènes», écrit-on simplement à l’époque. À Sandy Hook, tout juste à la frontière entre le Québec et l’Ontario, en bordure de la rivière des Outaouais, apparaît soudain un fantôme incroyable. La Patrie du 22 mars 1905 en fait sa une.

On ne parle que de revenants, depuis quelques jours, à Sandy Hook et à Arnprior (Ontario). Dès que le soleil a disparu à l’horizon, on met sous clef les enfants, les femmes n’osent plus sortir et les hommes ne sont pas eux-mêmes très rassurés.

Il y a bien de quoi, allez !

Imaginez-vous que, l’autre jour, quelques jeunes filles et quelques messieurs qui avaient été en soirée s’en retournaient chacun chez eux quand sur un petit pont, près de la scierie de la Cie Ottawa, à Sandy Hook, ils virent un spectacle qui les glaça d’épouvante.

Devant eux, raide comme la fameuse statue du commandeur, se tenait un fantôme aux formes herculéennes. De sa bouche s’échappaient des murmures confus. On eût dit qu’il suppliait quelque être invisible.

À cette vue, plusieurs des représentantes du sexe faible perdirent, matériellement, connaissance et leurs compagnons se hâtèrent de rebrousser chemin avec elles, ainsi que celles qui avaient conservé l’usage de leurs jambes.

On coucha chez un monsieur McCormack et, le lendemain, on crut devoir avertir la police qui s’est émue comme les simples citoyens de l’endroit, mais n’a pu rien trouver. Il arrive rarement, d’ailleurs, que la police réussisse à mettre le grappin sur les fantômes.

Il paraît que l’on a déjà vu plusieurs revenants dans les environs du port et, même, qu’on les a entendus pousser des gémissements.

Et les gens qui ont bonne mémoire racontent que, il y a longtemps — Arnprior était alors une simple forêt — plusieurs explorateurs s’égarèrent et se noyèrent dans la rivière juste à l’endroit où le pont a été construit.

L’une des demoiselles qui ont été les plus affectées par l’apparition, Mlle Lapointe, a été transportée à l’hôpital d’Ottawa. Son état est très grave, paraît-il, et les médecins ne sont pas sûrs de la remettre sur pieds.

Une autre demoiselle du nom de Savior est aussi bien malade.

Heureusement, depuis l’aventure ci-dessus rapportée, le fantôme aux formes herculéennes, n’a point reparu sur le pont.

 

L’illustration est parue dans Le Monde illustré du 24 novembre 1900. On la retrouve sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Fantômes».

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