«Le sucre d’érable»
Voici un texte étrange. L’auteur connaît «les sucres», mais des mots échappés ça et là laissent croire qu’il est d’ailleurs. Le sirop d’érable, par exemple, devient sous sa plume de la mélasse.
On n’ignore pas que la production de sucre d’érable, c’est-à-dire de sucre extrait de la sève de cet arbre, est une grosse industrie aux États-Unis et au Canada. Pendant les dix dernières années, il a été obtenu ainsi 14 millions de kilogrammes de sucre, et 45,000 hectolitres de mélasse.
Les espèces d’arbre utilisées sont l’érable à sucre, l’érable negundo et l’érable rouge. Pour en extraire la sève, on perce dans les arbres des trous de tarière, vers mars ou avril, et le liquide qui s’en écoule est recueilli dans des vases comme la résine des pins dans les Landes. La production moyenne d’un érable est de 55 livres de sève, contenant deux livres de sucre cristallisable.
Une propriété précieuse de l’érable consiste en ce que l’extraction de la sève ne le fait pas périr. Cette forte saignée ne va pas, évidemment, sans rendre l’arbre quelque peu languissant et sans entraver momentanément son exubérance. Mais si, au moyen d’un enduit protecteur quelconque, on cicatrise la plaie au bas du tronc, aussitôt l’arbre à sucre reprend son existence normale.
Il est intéressant de noter que l’érable n’est pas la seule essence forestière susceptible de fournir le sucre; il en est de même du noyer et du bouleau. Mais ces derniers fournissent principalement du sucre incristallisable, peu sucrant, on le sait, au point de vue de la consommation.
La Patrie, 1er février 1895.
L’illustration du «réservoir sur traîneau pour recueillir l’eau d’érable», une photographie de Roch Delisle en 1942, est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Officie du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6, S7, SS!, P6429.
