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«La pêche à la petite morue»

cabanes a peche au poisson des chenaux armour landry

Le correspondant de La Patrie à Bastiscan est allé tenter le petit poisson des chenaux et propose ce reportage le 19 janvier 1907.

La pêche à la petite morue, ce sport si en vogue dans nos campagnes, touche maintenant à sa fin. Dans quelques jours, nous verrons nos habiles et tenaces pêcheurs préparer la retraite et remettre en place, pour l’année prochaine, leurs instruments de pêche; alors s’opèrera le déménagement des cabanes.

Pauvres petites cabanes ! ce n’est pas sans un serrement au cœur que nous les voyons disparaître, car combien d’heures délicieuses n’avons-nous pas passées à leur abri, surtout lorsque le petit poisson était en abondance et que «ça mordait bien».

Cette année, la pêche n’a pas été aussi fructueuse que les années dernières, au grand désappointement de nos concitoyens. Cet état de choses est dû, paraît-il, à des abus regrettables qui se produisent dans certaines paroisses d’en bas du fleuve. On nous a assuré que certaines personnes peu scrupuleuses s’étaient permises, au cours de l’été dernier, de construire, à mer basse, sur les battures, des barrages de roches, de manière à retenir le poisson prisonnier lorsqu’il passe. Ce travail considérable a produit l’effet attendu, car ces personnes ont capturé de cette manière une quantité énorme de poisson, au grand détriment des autres paroisses.

Ce qu’il y a de regrettable, surtout, c’est que ces barrages ont servi en même temps à la destruction d’une grande quantité de ce poisson, qui, à chaque marée basse, se trouvant emprisonné, ne pouvait se frayer un passage et étaient écrasés.

Il est malheureux que le gouvernement qui voit à protéger les autres poissons n’étende pas aussi sa protection à la petite morue, en défendant ces abus et en même temps la pêche dite «au coffre». Cela en vaudrait certainement la peine, car, si cet état de choses continue, dans quelques années, la petite morue aura complètement disparu de nos parages, et, avec elle, le plaisir si goûté de la population des paroisses échelonnées le long de la rive du Saint-Laurent, de Québec à Trois-Rivières, qui, elle, n’a pas de lacs remplis de truites à sa portée, et encore moins, pour la plupart, l’avantage d’appartenir à des Clubs de Pêche protégés par la loi. […]

Nous voyons cet hiver, sur le rivage de Bastiscan, une cabane à pêche des plus modernes, car elle est pourvue d’un appareil téléphonique, ce qui n’est pas banal, n’est-ce pas ? M. Hector Hardy, directeur et secrétaire-trésorier de la compagnie de téléphone St-Maurice & Champlain, en est le propriétaire. Comme ses fonctions peuvent exiger sa présence à toute heure du jour, il a construit sur la glace une ligne reliée à tous les bureaux dans le comté que le dit téléphone parcourt.

De cette manière, il peut, tout en faisant la pêche, suivre de près les intérêts de sa compagnie, donner les instruction requises ou encore, lorsque «ça ne mord pas», ce qui arrive assez souvent, faire un bout de causette avec les amis, tant de la paroisse que du dehors.

 

La photographie de «chalets de pêche aux poissons des chenaux probablement à Sainte-Anne-de-la-Pérade», prise vers 1965 est d’Armour Landry. Elle est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Fonds Armour Landry, Photographies, cote : P97, S1, D7315-7315.

Personnellement, je doute de la validité du discours de ce journaliste lorsqu’il évoque les «abus regrettables dans certaines paroisses d’en bas du fleuve». Il pourrait peut-être s’agir plutôt de l’éperlan ou d’une autre espèce de petit poisson que celle de Batiscan.

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