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Prendre la route de Montréal à Québec avant le chemin de fer

diligenceReportons-nous en 1840, ou quelque part par là. Prenons la route de Montréal à Québec. Le journal La Patrie nous l’offre le 10 novembre 1884.

Il y a quarante ans, un voyage en hiver entre Montréal et Québec n’était pas une petite affaire. Le voyage durait deux jours ou deux jours et demi, selon l’état de la route.

Le service d’hiver entre Montréal et Québec se faisait par la diligence de la malle [du courrier], les diligences proprement dites et les voitures extra.

Dans la diligence de la malle, il y avait place pour six ou huit passagers. Les autres diligences en contenaient autant. Il n’y avait que les gros bonnets qui voyageaient par l’extra.

L’extra était une carriole traînée par deux chevaux attelés en flèche. Dans l’extra, les relais étaient moins nombreux et le voyage ne durait pas aussi longtemps que dans les diligences. Le personnage qui se payait le luxe d’un extra était très considéré dans les auberges sur la route. C’était ordinairement un député, un juge ou un gros bonnet du commerce. Il avait le droit de garder toujours le milieu de la route. Lorsqu’il passait quelque part, le conducteur criait aux équipages des cultivateurs : «Rangez-vous, laissez passer l’extra !» […]

À six heures du matin, une trompette se faisait entendre en face de l’hôtel Rasco. C’était le signal de départ de la diligence de la ligne Rouge. […] Les diligences de la ligne Verte partaient des écuries de la rue St-Gabriel, presqu’en face des bureaux de La Patrie. […]

Les voitures faisaient des relais à toutes les cinq lieues. Le premier relais était à l’auberge Deschamps, au bout se l’Île, et les autres étaient à St-Sulpice, Berthier, Rivière du Loup, Trois-Rivières, Champlain, Ste-Anne de la Pérade, D’Eschambault, la Pointe-aux-Trembles et Québec.

Les voyageurs qui n’étaient pas dans la diligence de la malle couchaient à Trois-Rivières; le courrier de la malle ne s’arrêtait pas plus d’une heure à Trois-Rivières.

Lorsqu’un député se rendait à Québec pour la session, il apportait avec lui toutes les provisions qu’il lui fallait pour la durée de ses travaux parlementaires; ces prévisions étaient un petit baril de lard, des porcs-frais rôtis, des pommes de terre, du pain de ménage, de la mélasse, etc. M. Le député louait une chambre dans une maison privée à Québec et se nourrissait lui-même. Dame, il fallait économiser en ce temps-là, car la députation ne recevait aucun salaire.

L’ex-échevin Homier nous disait ce matin qu’il avait vu un député préparer ses bagages et ses vivres pour la session. Parmi ses vivres, était un quart de la grosseur d’un quart à clous rempli de crêpes toutes cuites.

Le Canadien de cette époque savait voyager avec économie. Lorsqu’un cultivateur apportait ses denrées à Montréal, il payait à l’aubergiste trois sous pour le privilège de se coucher sur le plancher avec sa robe en peau de buffle.

 

La gravure de la diligence ci-haut est parue dans Le Monde illustré du 26 février 1887. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Diligences».

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