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La Noël en Provence

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L’écrivain français Anatole France (1844-1924) raconte ici la Noël en Provence, un texte publié à Rimouski par Le Progrès du Golfe du 27 décembre 1907.

C’est dans le midi de la France qu’il faut assister à la Noël pour goûter toute la naïveté de cette féérie enfantine et délicieuse.

La veille de la Noël s’y fait autour de la table qui, jonchée de lauriers et couverte de plats fumants, est dressée devant l’âtre où le joyeux carignié jette une flamme claire. La carignié [l’auteur écrit aussi bien carignié au masculin qu’au féminin] est un vieux tronc d’olivier choisi pour brûler toute une nuit.

C’est là, devant le foyer, que s’accomplit, avant toutes choses, la bénédiction du feu. Le plus jeune enfant de la famille s’agenouille devant le feu et prononce ces mots que son père lui a appris :

Oh feu ! réchauffe pendant l’hiver les pieds frileux des petits orphelins et des vieillards infirmes; répands la clarté et la chaleur chez les pauvres; et ne dévore jamais l’étable du laboureur et le bateau du marin.

En prononçant ces paroles antiques, l’enfant verse dans le foyer une goutte de vin cuit. Puis, on se met à table, et, quand le vin a délié les langues et donné de la chaleur aux âmes, on chante des noëls jusqu’à minuit.

Pendant ce temps, les mendiants errant dans les rues paient, en chantant des cantiques, le pain, le linge et les pièces d’argent qu’on leur donne.

Les enfants jettent par les fenêtres leur aumône dans des cornets de papier qu’on allume par un bout, afin que les pauvres puissent les voir tomber comme des étoiles filantes. À minuit, on va à la messe après avoir disposé sur la table la part des morts.

Le 25, on mange la dinde de Noël; le 26, on rompt le pain pétri en forme de gourde et couronné de lauriers qu’on nomme pain de l’étrenne, et qui préserve les chiens de la rage et les ânes des coliques.

Ce jour aussi, l’on visite la crèche où l’Enfant-Jésus fut réchauffé par les souffles du bœuf et de l’âne. Devant ces simples poupées, on chante en chœur quelques-uns de ces noëls où les bergers parlent en provençal, tandis que les anges parlent en français, comme des messieurs qu’ils sont.

Ainsi l’on se réjouit.

 

Et voilà comment la chatte se peigne.

L’illustration provient d’une page du site Occitanica, portant sur une brochure hors commerce, éditée par le groupe «Prouvenço» dans les années 1930.

Un commentaire Publier un commentaire
  1. Esther #

    « Dans une boîte en carton, sommeillent les petits santons… « 

    23 décembre 2014

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