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Il faut revenir sur les débuts de l’Armée du Salut

logotype armee du salut

Aujourd’hui, l’Armée du Salut, présente dans nos villes, est fort calme et mène un travail essentiel auprès des démunis. Mais, au début, refusant de se laisser réduire au rang de simple organisme charitable, elle faisait preuve d’un prosélytisme religieux incroyable, qui souvent choquait les populations locales. Et, en plusieurs occasions, les corps policiers devaient intervenir.

Fondée officiellement en Angleterre en 1878, la voici à Montréal en 1884. Le Canadien, le quotidien de Québec, raconte ses premières heures le 18 décembre 1884.

À peine la ville de Montréal était-elle délivrée des scènes tapageuses provoquées par la présence du sale Chiniquy que de suite elle se voyait aux prises avec l’armée du salut.

Cette burlesque armée, qui s’en va par le monde entier évangéliser les peuples aveugles et qui veut les sauver malgré eux, se livre aux prédications les plus dévergondées, chante, crie, hurle et tempête par les rues des villes qu’elles parcourt.

Cette organisation de toqués des mieux conditionnés a été fondée en 1865 en Angleterre et possède actuellement 610 établissements; le Canada n’étant pas plus arriéré que les autres pays s’en paye le luxe de 42 !…

Le nombre des officiers — ne pas oublier que c’est une véritable armée — est de 1618 en Angleterre et autres contrées privilégiées. Notre cher Canada allait-il être oublié dans cette organisation générale du salut ? Nous avons au milieu de nous 123 braves officiers !

Les adeptes sont tenus à l’obéissance à leurs chefs et payent une contribution chaque semaine. Les officiers reçoivent en argent juste ce qu’il faut pour se nourrir et louer les salles destinées à leurs réunions.

Les rangs de la fameuse armée comptent presque autant de femmes que d’hommes; on a libéralement ouvert la porte à tous les fous des deux sexes.

Les soldats envoyés en guerre sont de véritables phénomènes. Quand ils viennent en conflit avec la loi — ce qui a lieu généralement — ils posent en victimes et supportent les épreuves de la vertu persécutée avec une épouvantable patience !….. à peu près comme le Grand Vicaire !

Le détachement qui vient d’être envoyé à Montréal se compose de 3 hommes et de 2 femmes. Dimanche dernier, la ville a été prise d’assaut; les journaux de lundi nous donnaient une vive et piquante peinture des faits d’armes dont le public montréalais a été témoins ce jour-là.

À la parade, les hommes chantaient des hymnes sacrés et les femmes se faisaient aller vivement sur le banjo. La Patrie, impressionnée du spectacle, raconte ses impressions :

«Jamais, dit-elle, spectacle plus pitoyable n’a été vu dans une ville civilisée; aussi les curieux qui suivaient n’y purent tenir longtemps et bientôt ce ne fut plus qu’une clameur épouvantable et des huées qui couvrirent complètement la voix des chanteurs.»

La police, dans l’exécution de ses fonctions de gardienne de la paix publique — elle était menacée, la paix ! —n’a pas manqué de mettre les menottes aux mains des sauveurs. Mais M. le recorder [le juge de la cour municipale], par une clémence qui le distingue, n’a pas cru devoir empêcher ces fous de faire la guerre sainte. Et le soir, ces bons soldats du seigneur troublaient encore la ville du bruit de leurs armes.

Québec n’aura peut-être pas l’avantage de faire connaissance avec ce détachement de la grande armée du salut; nous sommes tant en perdition, et si peu soucieux des affaires du salut !…

 

On trouvera le compte rendu de cet événement montréalais dans le quotidien de l’endroit La Patrie, du 15 décembre 1884, en page 4.

Le logotype de l’Armée du Salut, ci-haut, apparaît dans le journal français Les Échos à l’adresse suivante. Les non-abonnés à ce journal peuvent y accéder par Google Images.

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