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La lutte contre le feu à Québec en 1825

incendie quebec faubourg saint louisNous sommes à l’automne de 1884. Le journal La Patrie poursuit sa chronique quotidienne sur «le bon vieux temps». Le 18 novembre 1884, le voici nous entretenant de la parade contre l’incendie à Québec au milieu des années 1820.

Aujourd’hui, nous allons parler de la police et du service du feu dans le bon vieux Québec en 1825.

En ce temps, le guet était composé d’environ 25 «watchmen» sous le commandement du capitaine Pinguette. La nuit, le watchman de Québec portait d’une main un grand fanal allumé et de l’autre une crécelle dont le bruit s’entendait à une distance d’environ un mille. Pendant que le citoyen du vieux Stadacona reposait la nuit dans son lit, il entendait toutes les heures les cris des constables du guet. Le watchman criait toujours en anglais l’heure et le temps qu’il faisait par exemple : Eleven o’clock ! stormy night, rainy night, moon light night, stary night, all is well !

Lorsque le feu éclatait dans quelque maison, l’alarme était d’abord donnée au watchman. Celui-ci criait Fire ! Fire ! de toute la force de ses poumons. Ce cri était répété par tous ses compagnons qui agitaient leurs crécelles et réveillaient tous les habitants. Il n’y avait pas de cloche sur les stations de pompes et il fallait courir chez le bedeau O’Neil qui résidait sur la rue St-Flavien. Le bedeau s’habillait à la hâte et, muni d’une lanterne, il montait dans le clocher de la cathédrale et frappait un des cloches avec un marteau qu’il tenait à la main. Le bedeau restait dans le clocher et faisait résonner le tocsin pendant toute la durée de l’incendie.

Sur les entrefaites, l’alarme était donnée au poste central du guet situé sur la côte des Chiens, en bas de l’ancienne porte de la Canoterie, porte Hope. Un des watchmen sortait alors avec un gong d’un diamètre de deux pieds et demi qu’il frappait avec un maillet. Il parcourait les principales rues de la ville en remplissant l’air du bruit sonore et sinistre de son instrument.

Les pompiers couraient à leur poste et sortaient les pompes. Mais comme on ignorait alors le télégraphe d’alarme, il était impossible de préciser l’endroit où le feu avait éclaté. Deux compagnies de pompiers se rencontraient à la bifurcation des rues et s’interrogeaient mutuellement sur la question du quartier où était l’incendie. Souvent on ne s’accordait pas sur l’endroit et les pompes étaient dirigées à la fois vers les deux points différents.

À cette époque, les pompiers étaient sous le contrôle des juges de paix, les compagnies de volontaires ne s’étant organisées que vers 1826 sous le capitaine Sewell.

La loi municipale obligeait les habitants de Québec à garder continuellement dans leur résidence quatre seaux de cuir et un bélier. Les seaux servaient dans la chaine que formaient les citoyens entre la maison en feu et le puits le plus voisin. Comme le seau devait passer quelquefois par une cinquantaine de mains avant d’arriver à la pompe, il n’y avait que fort peu d’eau dedans lorsqu’on le vidait.

Les boyaux n’étaient pas encore inventés et la lance était fixée au sommet de la pompe. Cette lance était mobile et elle jetait l’eau sur le toit des maisons les plus élevées.

Les pompiers se servaient du bélier pour défoncer les portes et abattre les murs. En hiver, lorsque les pompes étaient gelées, des charretiers allaient à la brasserie McCallum (la seule qui existait à Québec en ce temps-là) pour en apporter des tonneaux d’eau chaude pour les faire dégeler. […]

Comme il n’y avait pas d’aqueduc dans l’ancienne capitale et comme il fallait recourir aux puits en cas d’incendie, on peut juger des difficultés qu’on était obligé de surmonter pour obtenir un service efficace des incendies.

 

La gravure ci-haut d’un incendie à Québec dans le faubourg Saint-Louis est parue dans L’Opinion publique du 15 juin 1876. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Incendies».

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