Skip to content

Salut, Blanche Lamontagne !

bleUn jour, quelqu’un quelque part a classé Blanche Lamontagne «poète régionaliste» et c’en fut fait de cette dame. L’étiquette devait lui rester. Peut-être était-ce cet abbé Camille Roy qui fut, pendant un temps, le grand bonze de la langue au Québec. En 1918, il la qualifiait ainsi dans le Bulletin du Parler français. Mais il n’empêche.

Poète et romancière née aux Escoumins en 1889, elle reçoit un prix de poésie de la Société du parler français au Canada en 1912 et collaborera à plusieurs revues sous la forme de contes ou de poèmes. On en saura davantage sur elle en consultant la page Wikipédia qui lui est consacrée.

Par ailleurs, mon ami Claude, à la recherche de Marie-Louise Bergeron, qui avait livré ce beau texte sur l’Inde apparaissant sur ce site voilà trois jours, m’a mis sur la piste de la revue La Bonne Parole. Et voilà que j’y déniche ce poème de l’écrivaine escouminoise. Salut, Blanche Lamontagne, et merci, cher Claude.

 

Sol natal

Salut, beau sol natal où s’alignent les gerbes !

Comment vous célébrer dans toutes vos bontés

O terre de Québec, terre des champs superbes,

Terre des blancs hivers et des riches étés !

 

À peine sur les monts, dans les bois vénérables,

Voit-on poindre la sève au faîte du sapin,

Que déjà vos sillons, sources intarissables,

S’ouvrent pour recevoir la semence du pain.

 

Bientôt la tige neuve apparaît dans la plaine;

La racine s’éveille en ses os assoupis.

Le champ déborde ainsi qu’une coupe trop pleine,

Et partout on entend la chanson des épis…

 

Oui, l’on entend chanter les blés sur les collines !

Les souffles du passé dansent sur les coteaux.

La terre de chez nous rit sous les javelines,

Et dans la paix du soir brille l’éclair des faux…

 

Cependant, que vos fils, en leur rêve futile,

Sans répit, cherchent l’or dans les rocs étouffants,

Bonne terre, nourrice inlassable et fertile,

Sans bruit, vous préparez le pain de vos enfants…

 

Cependant que, courbés sous leur labeur, les hommes

Dans leurs mornes calculs retombent, accablés,

O vergers de chez nous, vous nous donnez vos pommes,

O plaines de chez nous, vous nous donnez vos blés !

 

Et si l’homme n’a pas tout le bien qu’il espère,

S’il ne trouve pas l’or dans les monts rocailleux,

L’enfant trouve le pain sur la table du père,

Et nous trouvons la vie en vous, sol des aïeux !

 

Blanche Lamontagne-Beauregard

 

La Bonne Parole (Montréal), octobre 1929, p. 7

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS