Skip to content

Nouvel article sur le monde des superstitions

Cela me fascine de voir que nous venons de si loin. Pendant de très nombreuses années, ici comme ailleurs, nous avons cru à des superstitions de toutes sortes. Dans les temps anciens, les sociétés traditionnelles baignaient souvent dans la superstition. Elles en venaient à en faire la base de leur interprétation du monde.

Ici, un quidam, qui signe Bois-Rosé, nous entretient dans La Tribune du 21 juin 1889 de ce monde des superstitions.

Les paysans allemands ont des superstitions qui ressemblent beaucoup à celles dont nous avons hérité de nos ancêtres bretons et normands, mais qui, grâce à l’instruction qui se répand dans nos campagnes, commencent à perdre de leur prestige.

Prenons, par exemple, la transmission des maladies. Pendant mon séjour aux États-Unis, j’ai eu l’occasion de visiter dans la Pennsylvanie une cinquantaine de maisons allemandes. J’ai remarqué des rangées de chevilles plantées dans les solives et dans les chevrons du toit et, émergeant à côté des chevilles, de petites mèches de cheveux qui avaient été enfoncées avec la cheville par les occupants de la maison pour se délivrer d’une maladie quelconque.

Dans l’opinion de ces gens crédules, si les cheveux étaient enfoncés dans un chêne vivant, le premier passant qui venait en contact de l’arbre était certain d’y prendre la maladie laissée avec les cheveux.

Une autre manière aussi étrange était de se rendre dans une touffe d’aulnes, d’y attacher trois mèches de ses cheveux (symbole de la Trinité) et de prendre sa course vers la maison sans regarder en arrière. Les cheveux restaient attachés à la branche et avec eux la maladie.

Parmi les plus ignorants, si la maladie est contagieuse, on coupe une poignée de cheveux au malade et on les dépose entre deux morceaux de pain fortement beurrés, et on les donne au premier chien qui passe.

La tête d’un poisson vivant, mise un instant dans la bouche d’un enfant malade et rejeté ensuite dans la rivière, est un remède certain contre toutes les maladies. Enfoncer un clou dans un chêne est un excellent remède contre le mal de dents.

Laver les enfants dans la sève d’un frêne est un sûr préservatif contre un grand nombre de maux. C’est aussi un remède efficace contre la morsure des serpents.

Les verrues disparaissent si elles sont frottées avec un peu de cendre de chêne que l’on met ensuite dans un sac et que l’on jette à la fourche de quatre chemins. Mais malheur à celui qui ramasse le sac !……

Les goitres (grosse gorge) disparaissent quand elles sont frottées avec la main d’un cadavre.

Glisser soudainement une clé de fer entre la chemise et le dos pour arrêter une hémorragie.

Frotter la chair avec un morceau d’argent poli soulage merveilleusement beaucoup de douleurs.

On fait beaucoup de cas de l‘écorce d’aulne pour purifier le sang et guérir les morsures de serpent. Une infusion d’écorce d’aulne jetée avec profusion a la singulière vertu d’exorciser les sorciers et les jeteux de sorts.

Mettre des fleurs de pavot sur la tête d’un aliéné est aussi un sûr moyen de lui rendre la raison.

J’ai dit que ces superstitions disparaissaient graduellement dans nos campagnes. Cependant, il en reste encore qui survivront à la génération actuelle. La guérison des goitres par la main d’un cadavre; celle du rhumatisme en plantant son couteau dans un coin de clôture isolé; celle des verrues avec un sac de pois et un morceau de viande crue que l’on enterre ensuite; la clé dans le dos pour le saignement du nez, et quelques autres, sont encore en grande faveur dans quelques-unes de nos campagnes.

Puissent-elles disparaître et faire place aux saines notions de la physique et à la science médicale de notre siècle !

 

Déjà le journaliste Beauchamp nous avait présenté douze superstitions québécoises. Il avait aussi questionné ce monde des superstitions. Un curé québécois s’était aussi élevé contre la coutume de tirer des grains de riz sur les nouveaux mariés. Est-ce possible de trouver leurs origines ?

L’image de «verrues vulgaires» provient du site du médecin français Bertrand Gressler.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Jean Provencher #

    En lien avec ce monde des superstitions, Nicole m’envoie ce message «hors d’onde» :

    Bonjour M. Provencher,
    Dû à la longueur de mon commentaire, j’ai préféré vous l’acheminer par courriel.

    Au mois de décembre dernier, lors d’un séjour à l’Institut de Cardiologie de Montréal, mon iPad était mon ami de tous les jours.   Il me permettait d’écouter de la musique, voir l’actualité, vous lire et scruter le ciel de Montréal. Habituée au ciel nocturne de St-Marc, difficile de trouver les étoiles sans une application permettant de voir au-delà de la pollution lumineuse.

    Un soir, bien installée à la fenêtre de ma chambre, je scrute le ciel.  Mon infirmière libanaise se demande bien ce que je fais ainsi le iPad au bout des bras.  ‘’Je regarde le ciel !’’.  Elle me dit qu’elle n’a jamais regardé le ciel.  Dans son enfance, sa mère lui avait enseigné que regarder le ciel donne des verrues.

    Et bien ce soir-là pour la première fois, elle a découvert Jupiter qu’on pouvait heureusement voir à l’œil nu, à l’aide du iPad, je lui ai fait découvrir les autres étoiles qu’elle pourrait voir sans la pollution lumineuse de Montréal.  Peu avant mon départ de l’Institut, elle m’a annoncé qu’avec son mari et ses enfants, ils ont regardé le ciel, qu’un télescope était en vue pour bientôt.

    J’étais contente de constater que malgré la tristesse de passer Noël hospitalisée, mon séjour a permis à une famille de découvrir la beauté du ciel nocturne.

    Merci beaucoup, chère Nicole.

    24 juin 2014

Trackbacks & Pingbacks

  1. À nouveau, des superstitions | Les Quatre Saisons

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS