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La caisse populaire

Les «Caisses populaires» ont été fondées en 1900 par Alphonse Desjardins (1854-1920) et son épouse Dorimène (1858-1932) à Lévis. Jeune, l’homme est fasciné par les sociétés d’entraide et de secours mutuels. Et, dès le départ, il lutte pour la reconnaissance juridique du mouvement par les gouvernements et part en croisade pour la multiplication de caisses dans les villages et les villes.

Dans Le Bien public (Trois-Rivières) du 27 mai 1910, le chroniqueur Jean Rivard fait la une avec un texte sur «Les Caisses Populaires».

À peine revenu de la session d’Ottawa, l’infatigable apôtre des Caisses populaires, M. Alphonse Desjardins, reprend sa fructueuse campagne. La semaine passée, il donnait une conférence à St-Roch de Québec.

D’après le compte-rendu de «L’Action Sociale», M. Desjardins a défini la caisse populaire «un prolongement de l’organisation paroissiale sur le terrain économique, une réunion d’honnêtes gens groupés dans un but de protection mutuelle et d’action sociale pratique».

Il a fait remarquer que les caisses ne sont pas des organisations établies pour nuire aux banques, mais qu’elles couvrent un terrain laissé vacant par les banques, comblant ainsi une véritable lacune qui existe dans notre organisation économique. La banque sert plutôt aux marchands et aux industriels, à qui elle rend des services incalculables.

La caisse populaire attire la petite épargne et la fait servir à soulager les besoins des pauvres. Les deux institutions se complètent l’une par l’autre.

Cela n’est pas assez compris de beaucoup de gens.

La caisse populaire recrute sa clientèle de préférence parmi ceux qui ne vont guère aux banques. Elle recueille les sous qui se gaspillent. Avec ces sous, elle forme à la longue des capitaux qu’elle met à la disposition de ses sociétaires.

Mais surtout, pour les classes populaires, c’est un moyen d’éducation sociale, un foyer de formation morale d’une efficacité très réelle. Et c’est là un point de vue auquel on ne prête pas assez d’attention.

L’enfant, le jeune homme, la jeune fille, le père ou la mère de famille qui prennent l’habitude d’aller déposer à la caisse les petits surplus de la semaine, se livrent par là même à une sorte d’entraînement moral, qui ne peut manquer d’avoir un heureux retentissement sur la direction de leur vie. […]

Amenez votre enfant à ce soumettre à cette discipline morale pendant les années qu’il fréquente l’école, et ne soyez pas en peine pour le compte du jeune homme et du père de famille qu’il sera plus tard; ce ne sera ni un prodigue, ni un buveur, ni un vicieux; ce sera un économe et un sobre, un vaillant et un fort, ce sera un honnête homme.

Si l’on considère les choses de cette hauteur — et l’on aurait tort de ne pas le faire — on devra convenir que la caisse populaire est aussi bienfaisante à la ville qu’à la campagne.

À ceux qui prétendent qu’à la ville son utilité est moins grande au point de vue économique, vu qu’il y existe d’autres institutions d’épargne et de crédit, on peut répondre que le besoin s’en fait plus fortement sentir au point de vue éducationnel et moral. La ville offre plus de facilités à l’épargne, soit; mais elle présente aussi plus d’occasions et de tentations qui en détournent.

Au reste, la preuve est faite que les caisses peuvent réussir dans les villes. Il y en a déjà plusieurs de fondées, et qui fonctionnent très bien, dans les grandes comme dans les petites villes.

Que l’établissement en soit plus laborieux et le progrès plus grand à la ville qu’à la campagne, cela va de soi. Les conditions de la propagande ne sont pas les mêmes, et les gens des villes, plus difficiles à atteindre, sont aussi moins faciles à convaincre et à entraîner.

Mais qu’est-ce que tout cela sinon des difficultés d’ordre pratique dans l’application d’un principe élevé et fécond ? Les difficultés sont faites pour être vaincues, et elles le sont tôt ou tard par l’effort, l’action et la persévérance.

 

Le Mouvement des Caisses Desjardins, selon la page Wikipédia qu’on lui consacre, compte aujourd’hui, en 2014, 6 millions de membres, dont 400 000 entreprises, plus de 5 000 dirigeants et 45 000 employés, gérant un actif de 210 milliards de dollars canadiens. Le mouvement serait le 6e groupe financier coopératif en importance dans le monde.

Ci haut, l’œuvre de Pascale Archambault, Au seuil d’un siècle, est un hommage au couple fondateur des caisses populaires Desjardins. Le monument fut mis en place à Québec en mars 2008 sur la promenade Desjardins entre le Centre des congrès et l’hôtel Hilton, boulevard René-Lévesque.

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