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«Le baromètre du cultivateur»

Dans la presse québécoise d’il y a plus de 100 ans, on revient souvent sur l’importance d’observer la Nature avec attention pour pouvoir prévoir le temps. Voici cette fois-ci, à ce sujet, la «science» de La Tribune (Saint-Hyacinthe) du 10 mai 1888.

À la campagne, tout est baromètre.

Parmi les oiseaux de basse-cour, les pigeons sont à peu près les meilleurs indicateurs du temps. Quand ils se posent sur la couverture d’une grange en présentant le jabot au levant, soyez assuré qu’il pleuvra le lendemain, s’il ne pleut pas déjà pendant la nuit.

Si les pigeons rentrent au colombier, s’ils vont butiner au loin dans la plaine, signe de beau temps; s’ils picotent aux environs de la ferme, pluie imminente.

Les pronostics des poules ne sont pas moins certains; quand elles se roulent dans la poussière en hérissant leurs plumes, signe d’orage.

Même prophétie de la part des canards quand ils se mettent à plonger, à battre des ailes et à se poursuivre joyeusement sur la mare.

Si, par un temps magnifique, le cultivateur voit sa vache lécher les murs de son étable, il se hâte de rentrer son fourrage. La vache léchant le salpêtre que l’humidité de l’atmosphère fait suinter de la muraille, pluie pour le lendemain.

Encore de la pluie si les abeilles rentrent longtemps avant le coucher du soleil et avec un maigre butin.

Toujours de la pluie lorsque les corbeaux sont éveillés de bonne heure et qu’ils crient plus qu’à l’ordinaire.

Les hirondelles volent-elles en rasant la terre, l’orage n’est pas loin; disparaissent-elles dans les nuages, vous pouvez vous mettre en route.

Quand le rossignol chante clair toute la nuit, on peut compter sur un beau lendemain. C’est tout le contraire quand les grenouilles entament leurs concerts, quand les chouettes houloulent [sic].

Ce ne sont pas seulement les animaux et les oiseaux qui indiquent aux cultivateurs les changements de temps.

Si le matin la lame de la faulx reste sèche, bon signe; si elle prend l’humidité et se teinte de bleu et de rose, c’est de la pluie à courte échéance. Pluie également lorsque les gerbes de blé et d’avoine pèsent plus que d’ordinaire.

Le bûcheron qui va au bois consulte sa cognée comme le faucheur interroge sa faulx. Si la hache est nette et luisante, la journée sera belle; mais si elle est terne et si le manche ne glisse pas dans la main, gare au bouillon de grenouille.

En automne, la gelée blanche indique la pluie, et la rosée le beau temps.

La lune est un excellent baromètre. Si elle est entourée d’un cercle blafard, c’est de la pluie; si le cercle est rouge, c’est du vent; si l’astre des nuits brille pur et lumineux, c’est du beau temps.

Le cultivateur a appris cela dans un livre à la portée de tout le monde, et il a pour titre : La nature, et pour auteur le bon Dieu. Ce grand livre de la nature est toujours ouvert pour ceux qui veulent travailler, approfondir et s’élever par l’intelligence.

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