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Voici «le mois le plus beau» !

Le début de mai, on l’a eu très prosaïque pendant bien longtemps. C’est le gouverneur Frontenac, au 17e siècle, qui a fixé la date des déménagements annuels au 1er mai. Et, pendant près de 300 ans, jusqu’en 1972, nous n’avons cessé de déménager le 1er mai ! Les populations n’avaient pas l’âme à la poésie ce jour-là de l’année.

À Trois-Rivières, le 1er mai 1889, Le Trifluvien y va sèchement de cette phrase, sans aucune explication : À notre avis, garder des poules et garder la paix avec ses voisins sont deux choses difficiles à concilier dans un ville ou dans un village.

Le Quotidien de Lévis du 1er mai 1895 écrit : Les déménagements sont commencés à Lévis. Ils ne sont pas très nombreux cette année, si l’on en juge par le petit nombre de charretées de ménage qui passent dans nos rues. Vendredi se termineront les trois jours de grâce, puis chacun s’installera dans ses nouvelles pénates pour regretter peut-être le logement qu’il vient de quitter. À Québec, il y avait ce printemps grand nombre de maisons à louer et les déménagements sont assez nombreux.

À Montréal, La Presse du 1er mai 1903 avertit : Tous les déménagements doivent, d’après la loi, se faire d’ici au 4 mai, à 10 heures. Avis à qui de droit.

À Québec, ce même 1er mai 1903, Le Soleil parle de déchets… mais avec politesse tout de même. Par ce temps de déménagements du haut en bas de la ville, nous croyons de notre devoir de rappeler au public que, dans l’intérêt de l’hygiène et de la propreté de la ville, ils devraient se montrer très particuliers à propos des déchets de toutes natures qui proviennent des déménagements. Ceux qu’ils ne peuvent pas brûler, ils devraient les empiler dans des barils, et trouver le moyen de les faire transporter au dépotoir de la Pointe-aux-Lièvres, ou les faire jeter en bas des quais, ou encore dans des souilles qui, tôt ou tard, peuvent former des terre-pleins. Naturellement, la collection de ces barils de déchets, vieux papiers, canistres, ordures, devrait se faire régulièrement et à cœur d’année, le matin, à bonne heure, à la porte des maisons par des employés municipaux, mais ce service n’est pas encore complètement organisé.

Préférons donc La Tribune de Saint-Hyacinthe, du 1er mai 1891, qui, elle, y va de deux poèmes. Et vive l’amour, ne plus en pouvoir pour la bouche de l’autre !

Aubade

L’aube est bien tardive à naître,
Il a gelé cette nuit;
Et sous ta fenêtre
Mon fol amour m’a conduit.

Je tremble, mais moins encore
Du froid que de ma langueur;
Le frisson du luth sonore
Se communique à mon cœur.

Ému comme un petit page,
J’attends le moment plus sûr
Où j’entendrai le tapage
De tes volets sur le mur.

Et la minute me dure
Où m’apparaîtra soudain,
Dans son cadre de verdure,
Ton sourire du matin.

* * *

La première

Ce n’est pas qu’elle fut bien belle;
Mais nous avions tous deux vingt ans
Et ce jour-là, — je me rappelle —
Était un matin du printemps.

Ce n’est pas qu’elle eut l’air bien grave
Mais je jure ici que jamais
Je n’ai rien osé de plus brave
Que de lui dire que j’aimais.

Ce n’est pas qu’elle eut le cœur tendre;
Mais c’était si délicieux
De lui parler et de l’entendre
Que les pleurs m’en venaient aux yeux.

Ce n’est pas qu’elle eût l’âme dure;
Mais pourtant elle m’a quitté,
Et, depuis, ma tristesse dure,
Et c’est pour une éternité !

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