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À Québec, les «Bassevillains» dans l’eau

Décidément, il faut se faire à l’idée, certains printemps québécois sont des printemps d’inondations. En voici un, à Québec cette fois-ci. La Patrie du 30 avril 1880 en fait sa une. Attention, le français est parfois laborieux.

Ce matin, la marée a pris des libertés dans les parties basses de la ville. La Basse-Ville n’a plus rien à envier à Griffintown à Montréal.; elle a pris un bain qui s’appelle et qui ne sera que l’avant-coureur d’un autre bain plus considérable demain matin.

Les bassevillains se sont trouvés les pieds dans l’eau jusqu’au-dessus de la cheville. Heureux s’ils s’en tirent avec un peu d’humidité seulement, et non avec des douleurs rhumatismales et des maux de dents.

L’eau s’est aventurée sur les quais jusqu’à une hauteur de vingt pouces dans certaines maisons, un peu moins dans d’autres, et à dix pouces près du cap.

Les naturels de l’endroit, fort intrigués par le spectacle de cette exubérante marée, se sont mis à se promener en canot sur le vieux marché Finlay, autour de la halle, en marchandant le sucre nouveau qui commençait à colorer l’onde tranquille. Puis, de là, on se rendait chez Potvin pour boire à la santé de Neptune et du premier bateau de la Compagnie du Richelieu.

Le premier triton se montra le nez dans l’embrasure de la porte chez Potvin qui verse toujours d’un bras vigoureux et persuasif l’oubli aux humains, fit sensation dans l’hôtel. Potvin ne se doutait pas du dévergondage auquel se livrait le St-Laurent dans sa cave, de l’eau dans mon vin, s’écriait-il d’un air navrant, c’est la première fois que ça m’arrive.

D’un autre côté, sur le marché Champlain, il y avait des gens, toujours en canots, qui chassaient le rat musqué. Ils en ont tué plusieurs.

Et dire que demain, la marée aura un pied plus haut.

Les naturels de l’endroit font l’exercice aux échasses aujourd’hui, pour pouvoir sortir de chez eux demain la matinée.

Au pont Dorchester, la marée a osé couvrir une partie au-delà du pont.

Les dommages, heureusement, ne sont pas très considérables; il y en a surtout chez les marchands-épiciers.

 

Le lendemain et le surlendemain, le journal n’en dit mot. Il faut probablement conclure que l’inondation fut moins grave que prévue.

Source de l’illustration montrant le débarcadère et la halle du marché Finlay à la basse-ville de Québec : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds Fred C. Würtele, cote P546, D1, P57.

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