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L’amour de Taine pour ses chats

Le 5 mars 1893, meurt le philosophe et historien français Hippolyte Taine âgé de près de 65 ans. Immédiatement, on apprend qu’il avait écrit douze sonnets à ses trois chats. La chose surprend, car on ne savait pas l’homme poète. À Montréal, le 4 avril 1893, le quotidien La Patrie y va d’une courte nouvelle à ce sujet.

Dans un de ses derniers numéros, un journal parisien révèle au public un Hippolyte Taine inconnu, un Taine poète. De ces douze sonnets qu’il adressait naguère à ses chats, Puss, Ébène et Mitonne, et qui constituent tout son bagage poétique, bagage d’ailleurs fort précieux, nous détachons celui-ci, d’une belle et large facture qui surprend dans un apprenti :

 

Le Bonheur

De votre cœur tranquille et dans vos larges yeux,
O vénérable chat, la sagesse est innée;
Votre rouet sans fin près de la cheminée
Est l’écho bourdonnant d’un rêve harmonieux.

Quand vous voulez dormir comme dorment les Dieux,
Vous vous roulez en boule, âme prédestinée,
Vous laissez les soucis à la race damnée
Qui laboure la terre et qui sonde les cieux.

Tel qu’un brahme affranchi des misères du monde
Vous buvez le bonheur dans la coupe profonde
Où l’homme ne boit plus que la fièvre et la mort;

Et de l’Eden perdu le mirage tragique
Apparaît, évoqué par un miroir magique,
Dans la sérénité de vos prunelles d’or.

 

Le portrait d’Hippolyte Taine par Léon Bonnat apparaît sur la page Wikipédia qui lui est consacrée.

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