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Saint-Hyacinthe à nouveau inondée

Il est arrivé à maintes reprises, dans l’histoire, que Saint-Hyacinthe, en Montérégie, soit inondée par la rivière Yamaska. Voici l’une de ces inondations, celle du printemps 1892, qui est passée à l’histoire. L’hebdomadaire de l’endroit, La Tribune, raconte, souvent laborieusement, ces moments où même les chats pactisaient avec les pigeons.

Nous avons encore eu une forte inondation cette année. La débâcle a commencé dimanche : l’eau s’est mise à monter et, en haut du barrage — dam — elle a atteint, lundi, une hauteur inouïe. L’eau passait par-dessus les quais en arrière de l’aqueduc et venait former une petite rivière près de la fabrique de tricot. Cette dernière fabrique, comme l’usine de la lumière électrique et plusieurs autres, ont dû suspendre leurs opérations. Dans d’autres fabriques, les pompes ont dû fonctionner constamment pour rejeter l’eau qui s’introduisait dans les caves.

C’était un superbe spectacle, toutefois, de voir l’énorme masse d’eau qui passait par-dessus le barrage, emportant dans sa course impétueuse des masses de glaces qui venaient se frapper sur les piliers des ponts et les faisaient trembler.

Mais où le spectacle était plus triste, c’est dans le bas de la ville, à partir de la rue Piété jusqu’à l’extrémité de la rue Cascades. La pointe comprise entre ces deux rues était complètement inondée jusqu’à la rue Ste-Marguerite. Au marché à foin, on se promenait en canot; il en était de même sur toutes les rues inondées. Sur la rue Concorde, il s’est déposé d’énormes blocs de glace.

Environ quatre-vingt maisons se trouvaient complètement envahies par l’eau et, inutile de dire, sans communication à pied sec. Partout où l’eau n’a pas atteint, on voyait des meubles, des voitures, etc.

Sur le toit des étables, des pigeons, fraternisant avec des chats qui semblent envier les ailes des premiers pour regagner la terre ferme sans se mouiller.

Et, à tous les endroits secs des curieux qui contemplent le spectacle, et les commères et les badauds qui ont passé la journée à donner des détails à tout le monde, fiers de cette occasion de tant parler.

L’eau a atteint son plus haut niveau dans l’avant-midi de lundi et a commencé à baisser vers 4 heures.

À part les dommages causés par l’eau, le trouble du déménagement, etc., on nous dit que la débâcle en a causé à plusieurs endroits. Les barrages ont souffert; une couple de nos concitoyens ont perdu des chaloupes de prix; on dit que la glace a aussi endommagé quelques maisons.

On ne prévoyait pas cette année une inondation qui a été une des plus fortes que l’on ait encore eues.

 

L’image ci-haut d’une inondation à Saint-Hyacinthe fut publiée dans Le Monde illustré du 28 mars 1898. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Inondations».

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