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Un rapport fédéral sur la présence chinoise au Canada

Je m’intéresse à l’histoire des Chinois d’ici. Ils viennent d’une grande civilisation, quelques fois millénaire. Sur ce site, si vous appelez, dans la colonne de droite la catégorie «Les Chinois», vous y trouverez 23 articles en lien avec les Chinois ou la Chine. C’est bien peu, mais, au fil du temps, je continue de nourrir cette catégorie de mon site.

J’attrape maintenant dans Le Franco-Canadien du 6 mars 1885, l’hebdomadaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, un article intitulé «Le rapport sur l’émigration chinoise». Je n’en sais guère au sujet de ce rapport. Mais je crois comprendre, entre les lignes, qu’en Colombie britannique, on s’inquiétait de la présence chinoise et que le fédéral a demandé à ses enquêteurs «l’heure juste».

Je rajoute ce texte à ma catégorie «Les Chinois» pour ne pas l’oublier. Car, à ce moment, en 1885, je ne crois pas que les Chinois, entrés par le Pacifique, soient présents au Québec, et le Canada avait été heureux de la présence de Chinois comme main-d’œuvre à bon marché.

Je vous confie l’article tel quel. Sans tout comprendre, on arrive à y lire la perception qu’on se fait alors des Chinois à l’autre bout de ce pays.

 

Le rapport sur l’émigration chinoise a été présenté.

Les rapporteurs étaient l’honorable J. A. Chapleau, secrétaire d’État, et le juge Gray, de la Colombie britannique.

Le volume contient 700 pages.

Le résumé des conclusions est le suivant :

1) Le travail chinois est productif.

2) Les Chinois ne s’assimilent pas avec les blancs

3) Ils abaissent les salaires.

4) Ce sont de bons serviteurs.

5) Ils se font vite une spécialité de certaines industries.

6) L’effet moral de leur présence a été exagéré.

7) On leur reproche de former des villages chinois.

8) Ils n’implorent pas la charité.

9) Il est douteux qu’ils aient un gouvernement particulier entre eux, bien qu’il y ait sûrement entente. 

10) Il est difficile de savoir à leur sujet l’opinion de la classe instruite

11) Étant admis que les Chinois ne s’assimilent pas, il faut alors choisir les cas où ils sont nécessaires.

12) Ils ont fourni un bon travail en Californie.

13) Ils ne se mêlent pas de politique.

14) Les marchands sont honorables et intelligents.

15) L’émigration chinoise est utile jusqu’à nouvel ordre,

16) L’hostilité cesserait si les Chinois renonçaient à leurs coutumes asiatiques et à leur costume.

17) La législation particulière aux Chinois a stimulé l’immigration des blancs aux États-Unis.

18) La restriction affecterait certainement des intérêts respectables.

19) Si l’on adopte la restriction, elle doit s’appliquer graduellement.

20) Dans le cas de mesures restrictives, éviter les frais qu’a coûté aux États-Unis l’acte de 1884.

 

Le rapport propose au gouvernement de toucher un droit de $10 par tête.

En résumé, il y a, dans la Colombie britannique, trois opinions.

1) Une minorité bien pensante mais prévenue demande l’exclusion complète.

2) Une minorité intelligente dit qu’il n’est pas besoin de régulation et que les règles de l’offre et de la demande suffirait à régulariser.

3) Une large majorité est d’avis qu’il doit y avoir une restriction modérée, basée sur des principes de santé, de finance et d’hygiène, appuyée sur de sérieux règlements de propreté.

C’est là aussi l’avis de la commission et des rapporteurs.

 

Vous voulez que je vous dise ? Si j’étais le père adoptif d’une petite Chinoise, comme il s’en trouve beaucoup maintenant au Québec, je n’hésiterais absolument pas à m’asseoir avec elle pour commenter, l’un après l’autre, chacun de ces alinéas, échanger sur leur teneur, lui répétant que, la plupart du temps, il n’y a rien d’un rejet, bien au contraire. Je crois lire que les auteurs de ce rapport, peut-être craintifs face à l’opinion colombo-britannique, n’osaient franchement pas affirmer clairement, que, non seulement la communauté chinoise n’avait rien de dangereux, mais qu’elle était fort utile, enrichissante à la vie de la communauté.

L’illustration provient du livre 365 Poèmes de sagesse chinoise (Paris, Albin Michel 2012), un ouvrage de petits poèmes traduits et présentés par Hervé Collet et Cheng Wing fun. Les auteurs l’ont tirée du Jardin du Grain de Moutarde, manuel de peinture chinoise, publié en 1679.

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