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À qui sont ces cochons ?

Le journaliste du Sorelois du 13 avril 1883 y va de cette histoire.

Un ancien citoyen nous racontait hier l’anecdote suivante.

C’était au temps où le «père Allard» était inspecteur de ville à Sorel. Quelques citoyens s’étaient cotisés pour faire planter des arbres dans le carré Royal, y tracer des allées, etc., et le père Allard surveillait les travaux. Une bande de cochons errants venaient souvent fouiller les allées nouvellement taillées et causaient des déprédations au carré, au grand mécontentement de l’inspecteur de ville qui ne pouvait sévir contre les propriétaires des cochons, parce qu’ils se donnaient bien de garde de se faire connaître.

À bout de patience, le père Allard s’en fut chez le maire d’alors lui porter plainte. Ce dernier, ahuri par les jérémiades du bonhomme, lui répondit brusquement : «Si vous ne pouvez trouver les propriétaires des cochons, tuez-les !»

Un quart d’heure après, une détonation formidable retentissait sur le carré, puis une deuxième, puis une troisième…………… Les citoyens surpris sortirent dans la rue et demandèrent la cause de cette fusillade. «C’est le père Allard qui tire sur les cochons dans le carré» répondirent les gamins attirés par le bruit.

La nouvelle se répandit vite et, en un instant, une centaine de personnes étaient réunies autour du père Allard qui rechargeait tranquillement son fusil, le pied sur un cochon de grande taille, étendu mort sur le gazon.

«Mais c’est mon cochon que vous avez tué là, père Allard» dit un des assistants en fronçant les sourcils………..

«Vrai, c’est ton cochon, répondit le bonhomme sans s’émouvoir, voilà assez longtemps que je cherche son maître, je prétends que tu vas payer l’amende à c’t’heure que je te connais.»

L’individu se sauva en disant qu’il se trompait et personne ne vint réclamer les autres cochons abattus par l’inspecteur.

Ce fut la seule fois que le père Allard eut l’avantage de faire la chasse aux cochons dans la ville, car ils disparurent comme par enchantement et on n’en revit plus errer dans les rues ensuite.

J’ai raconté cette histoire à M. Blais, ajouta le narrateur, et je lui ai conseillé d’en faire autant aux cochons errants qui fouillent les pelouses de nos rues et sont une cause de désagréments continuels aux citoyens.

«Si vous entendez quelques coups de fusil ces jours-ci, me répondit-il, ne vous dérangez pas et dites à ceux que cela pourrait effrayer : Ce n’est rien, c’est l’inspecteur de ville qui cherche les propriétaires des cochons qui rôdent dans les rues.»

 

L’illustration ancienne du magnifique parc Royal, à Sorel, provenant de la Société historique Pierre-de-Saurel, apparaît sur le site du journal Sorel-Tracy Express.ca.

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