Skip to content

Une éclipse, voilà l’occasion de s’instruire

La presse québécoise d’il y a plus de 100 ans aime beaucoup entretenir son public lecteur de phénomènes célestes. Le 20 mars 1885, par exemple, l’hebdomadaire de Saint-Jean-d’Iberville, Le Franco-Canadien, prend prétexte d’une éclipse solaire pour y aller d’informations sur cet événement.

Lundi dernier, les personnes qui avaient l’avantage de résider dans la partie Nord-Ouest de l’Amérique Septentrionale, sur une bande étroite, allant du nord de la Californie à la Baie d’Hudson et au delà ont eu sous les yeux un spectacle aussi rare que singulier.

La lune a passé sur le milieu du soleil sans toutefois le recouvrir complètement et, à un moment donné, on n’a vu du disque solaire qu’un mince anneau lumineux, une espèce de diadème de flamme déposé sur le front pâle de la Reine des nuits, couronne éphémère, qui s’est évanoui en quelques minutes. Ce phénomène merveilleux a été visible sur le chemin de fer du Pacifique Canadien, à environ 300 milles à l’ouest de Winnipeg.

Vous demandez pourquoi il y a tantôt éclipse annulaire et tantôt éclipse totale, c’est-à-dire que parfois la lune est trop petite pour masquer le soleil complètement, tandis que d’autrefois elle recouvre tout à fait le disque solaire.

Voici la réponse : la lune, dans les éclipses solaires, fait l’office d’un écran entre nous et le soleil. Si l’écran a une grandeur invariable, il n’en est pas de même de sa distance à la terre qui varie périodiquement; pratiquement c’est comme s’il était tantôt plus grand tantôt plus petit. […]

Vous voulez une explication un peu plus scientifique ? D’abord pour qu’il y ait éclipse de soleil, il faut que la lune passe entre le soleil et la terre et que les centres des trois astres soient à peu près sur une même ligne droite.

Autre chose à noter : la lune comme la terre reçoit sa lumière du soleil; tandis qu’une moitié de son disque est éclairée, l’autre moitié est plongée dans l’obscurité. Il s’ensuit que la lune traîne son ombre après elle, comme nous traînons la nôtre lorsque nous marchons sous les rayons du soleil, de la lune ou d’une manière artificielle quelconque. La lune étant un très petit astre comparé au soleil, son ombre qui est toujours à l’opposé du soleil va en diminuant et a la forme d’un cône dont la base est appuyée sur la lune et dont la longueur théorique est exactement connue.

Étant admis que la distance de la lune à la terre est variable, lorsque cet astre passe entre la terre et le soleil, il peut arriver deux choses : ou le cône d’ombre de la lune n’atteint pas la terre, ou il arrive jusqu’à la terre. Si le cône d’ombre n’atteint pas la terre, il y a éclipse totale pour tous les lieux de la terre situés sur le passage du cône d’ombre lunaire.

Dans les deux cas, pour les lieux situés dans le voisinage du passage du cône d’ombre lunaire, l’éclipse est partielle, c’est-à-dire qu’une partie plus ou moins grande se trouve marquée par la lune.

C’est cette dernière alternative qui s’est présentée pour nous lundi. Nous n’avons pas eu d’éclipse annulaire, parce que le cône d’ombre a passé à plusieurs centaines de milles de Québec et a été se perdre dans les régions glacées du pôle nord; mais nous avons eu une belle éclipse partielle.

 

Le Franco-Canadien n’en dit mot, mais ce billet est paru d’abord dans Le Journal de Québec, puis Le Sorelois du 17 mars 1885, qui lui cite sa source. C’est un personnage du nom d’Altaïr qui donne cette explication.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS